Fin d'après midi, parc des Buttes-Chaumont. Les enfants crient et rient sur le tourniquet, les parents impatients regardant leur montre, rangeant leurs affaires. L'air se rafraîchit, le ciel s'assombrit. La pelouse jadis jaune paille, par temps de canicule estivale, reprend une teinte boueuse avec la bruine qui commence à se déverser sur Paris. Les feuilles murmurent, le vent froid claque les dents des bébés. Quelques parents se lèvent, sortant un parapluie, prennent leur enfant qui jette un dernier regard au toboggan mouillé. Ticket violet en main, s'abritent sous un arrêt de bus et s'y engouffre à son arrivée, aussi peuplé qu'on puisse l'imaginer. Capuches nouées et anoraks fermés, on s'échappe du parc, parcourant les allées sinueuses à toute vitesse.
L'espace boisé recupère sa douce mélancolie, l'écoulement du jet de la cascade d'eau redoublant de force. Les animaux, écureuils et poissons, n'apparaîtront pas aujourd'hui. Et pourtant l'endroit se renaturalise, l'amosphère rafraîchie et les végétaux vivifiés.
La bruine devient averse, l'averse devient tempête, la tempête devient orage. La douce poussière devient terre humide, la terre humide devient boue marécageuse.
Plus de promeneurs, plus de sportifs, de passants, de taï-chi, de peintures, d'artistes. Plus d'enfants, plus d'argent.
L'espace d'une nuit, le parc aura revécu ses années passées, se souvenant de chaque trace de semelle posée un jour sur sa terre.
Et du haut de la falaise, du kiosque aux amoureux, on aperçoit déjà le Soleil.