Cher journal....

Cher journal, j’écris de la chambre d’hôpital où vont débuter mes vacances de la Toussaint…
Hier, c’était vendredi. Comme tous les vendredis, j’ai eu équitation et comme tous les vendredis, Maman est arrivée en retard ! Dix-sept heures quinze, elle n’était pas encore arrivée… J’avais fini de goûter mais j’avais encore faim… Une barre de chocolat, ça ne peut pas me faire de mal! Dix-sept heures vingt-cinq… Ah! Enfin elle est arrivée! Aïe elle avait l’air de mauvaise humeur (comme tous les vendredis d’ailleurs). Mais il faudrait qu’elle se dépêche pour ne pas que je sois en retard! On était enfin sur la route qui mène au Robillard.
On m’avait laissé le soin de panser et de seller Eny, le double poney alezan. Il avait l’air calme, ce qui était plutôt bon signe. Margaux et Hélène qui sont arrivées avant moi, étaient déjà prêtes. Maman et moi étions passées prendre ma tante devant chez elle. Elle a insisté pour m’aider à préparer Eny, ce que j’ai refusé, je n’ai pas voulu qu’elle se prenne de mauvais coup (c’est si vite arrivé). Une fois sanglé, Eny m’a bousculé et m’a poussé contre le mur de bois du box ! Quelle idée lui est passée par la tête ! Enfin… Il n’y avait plus que le filet à mettre, mais essayer d’attraper la tête d’un cheval qui a les naseaux enfoncés dans la mangeoire, c’est un dure défi à relever ! Décidemment, cette reprise avec Eny n’allait pas être de tout repos…
Par la suite, j’ai commis une grande erreur (malgré tout, un peu indépendante de ma volonté) j’ai stressé ! Eny l’a ressenti et a trébuché plusieurs fois lors de l‘échauffement, ce qui n’a fait qu’empirer mon état. Matthieu m’a dit d’aller seule sur la piste. Un nœud se forma dans mon estomac. Le départ au galop a été quelque peu difficile puis dans le deuxième de virage, Eny a fait un violent écart puis s’est arrêté d’un seul coup ! Emportée par le mouvement, je suis passée par-dessus l’encolure et, par réflexe (merci les trois années de judo !) je me suis penchée vers la gauche, et tout le poids de mon corps a pesé sur mon épaule gauche (une belle chute avant gauche dont Jean-Marc aurait été fier !).
Assise dans le sable de la carrière, abasourdie par la vitesse et l’enchaînement des évènements, le filet d’Eny resté dans la main gauche, l’autre main crispée sur mon épaule, j’ai vaguement entendu Matthieu demander à Frédéric de ramener Eny dans son box… J’ai essayé de me lever toute seule mais il m’a fallu l’aide de Matthieu pour me hisser sur mes deux jambes et pour aller m’asseoir sur un obstacle… Une fois assise, j’ai respiré très fort puis tout s’est mis à tourner autour de moi, ma tête m’a paru très lourde… J’ai regardé en bas… Houlà ! Etre grande peut être un malheur dans certaines situations ! J’avais une étrange envie de dormir… J’ai appelé Matthieu qui, une fois de plus, m’a aidé à me lever, puis à sortir de la carrière… Arrivée à la barrière, j’ai passé une jambe entre les deux planches, levée la deuxième et là… Plus rien ! Le noir total, j’avais l’impression de flotter, et je me sentais bien… La douleur de mon épaule m’a réveillée, au beau milieu de la sellerie, Frédéric avait appuyé mon buste sur ses deux jambes, il s’était assis sur ses talons. J’avais soif, j’avais envie de dormir encore…
Maman et ma tante sont arrivées, traînant derrière elles une Manon tremblante et un Antoine muet (Dieu seul sait s’il est rare qu’il se taise !). Pour détendre l’atmosphère lourde qui régnait dans la sellerie, Frédéric lança d’un ton léger :
« Ca doit saigner quelque part, regarde Lucie, tu attires les chiens ! »
En effet, le chien de Matthieu se tenait à la porte de la sellerie, observant ce qu’il se passait à l’intérieur. Très rassurant à mon goût… J’ai essayé d’esquisser un sourire mais le moindre mouvement que j’essayé de faire me faisais mal, j’ai renoncé… Matthieu a appelé les pompiers de Saint Pierre sur Dives qui ont prévenus que ce serait une ambulance de Falaise qui viendrait me chercher…
Les pompiers de Falaise m’ont enlevé mes bottes (avec du mal), m’ont passé un collier cervical et m’ont hissés sur la civière avant de me placer dans la coquille à l’intérieur de l’ambulance. Maman l’a suivie jusqu’à Falaise et Frédéric a ramené ma tante chez elle.
Aux urgences, on m’a placé sous perfusion (ça m’a fait mal, et je pense que je garderais la cicatrice assez longtemps) et on m’a installé dans la chambre 123. Comme notre famille était attendue chez des amis, mes parents y sont allés pour le week-end avec Antoine et Manon, me laissant seule, mais me promettant de m’envoyer la famille…. Une fois la porte refermée, j’ai laissé mes larmes couler…
Ainsi ont commencé mes vacances de la Toussaint, seule, à l’hôpital…

Cher journal.... Sad_and_lonely_by_Sepia_Club1

Cher journal.... Sad_and_lonely_by_Sepia_Club1

C'est autobiographique ?

Si ca peux te rassurer moi aussi j'ai vécu la meme chose et je te comprend ce n'est pas facile du tout!

Oui c'est autobiographique.

Merci Flo ^^